Nathalie Kaïd, photographe, plasticienne, femme engagée et
tatouée, organise en 2016 le 1er évènement Rose Tattoo.

En 2017, elle fonde l’association Sœurs d’Encre avec une idée en tête :
le tatouage pour réparer les corps.


La belle histoire de l'association Sœurs d'Encre

« En 2010, j’ai réalisé une exposition « Aux seins de la vie » sur la poitrine des femmes de 10 ans à 85 ans, dont une dizaine après un cancer du sein. J’ai découvert des corps mutilés, bien loin de l’image des bimbos que j’imaginais !

 

Cela m’a profondément choquée. À cette époque, je n’étais pas encore tatouée; 2 ans après, j'ai commencé à me faire encrer, j'en ai ressenti aussitôt la puissance thérapeutique, ça a bouleversé ma vie. J’ai alors imaginé ce que ça pourrait être pour une personne malade ! Je me sers de mon vécu, de ce qui me fait du bien, le partage et les rencontres. Voilà ce qui m’a incitée à créer l’évènement Rose Tattoo, sur le modèle américain de Personalink.

 

J’ai décidé d’explorer cet univers et de travailler sur un projet de livre
« 
S’aimer tatouée
 » sur les tatouages féminins. Pendant presque 4 ans, je suis allée à la rencontre de 195 femmes tatouées pour savoir pourquoi elles se faisaient tatouer et surtout ce que cela leur apportait. »

Nathalie Kaïd fondatrice de Soeurs d'Encre

 Photo Eleni Dimitriadi-Chailleux


Nathalie s’est intéressée aux tatouages réparateurs sur cicatrices physiques. À ce moment-là, elle ne trouve aucune information sur le tatouage post cancer du sein, mais seulement sur celui des aréoles et des tétons. Les rencontres avec les femmes ayant été touchées par un cancer du sein et des tatoueuses l’ont conduite à créer en 2016 l’évènement Rose Tattoo dans le cadre d’Octobre Rose.

 

Le but est de donner aux femmes une information sur cette nouvelle technique de reconstruction par le tatouage artistique. La collaboration avec le milieu médical sécurise la pratique par la formation des tatoueuses, aux séquelles des chirurgies et des traitements.

 

L’idée de Rose Tattoo est de rendre accessible « notre pratique » du tatouage artistique de reconstruction à toutes les femmes, au même titre que n’importe quelle chirurgie reconstructive. Nathalie, grande adepte du tatouage, rêvait d’offrir ces bienfaits aux femmes qui ont traversé le rude combat du cancer du sein.

© Nathalie Kaïd, photographe et Charlie Kopas, tatoueuse

« Les fondatrices de Rose Magazine et de la Maison RoseUp sont des amies. J’étais proche aussi du directeur de la communication de l’Institut Bergonié. Je leur ai soumis le projet ainsi qu’aux tatoueuses que j’avais déjà rencontrées pour le livre “ S’aimer tatouée ”. Tout le monde a suivi ! Le reste s’est enchaîné. »

 

 

Le 1er Rose Tattoo s’est déroulé à la Maison RoseUp de Bordeaux. 7 tatoueuses ont accepté de s’engager bénévolement pour cet évènement auprès de 9 femmes touchées par un cancer du sein. Une expérience inoubliable ! Que d’émotion, des larmes de joie et le plaisir de s’aimer tatouée.

 

« Le plus simple pour cette première édition était de rester entre femmes. Cette intimité et l’ambiance à la Maison RoseUp ont dédramatisé le cancer. Le rapport à la maladie est devenu positif et même gai. J’ai perdu ma mère, ma tante, mon oncle, mon père d’un cancer. Le sujet reste dramatique dans ma famille. Il ne l’est plus pour moi.

 

 

Grâce à l’exemple de ces femmes, je pense que je serai capable de l’affronter. J’ai été très heureuse de leur donner l’occasion de vivre l’expérience du tatouage, et de constater, une fois de plus, son pouvoir réparateur.
Le tatouage est encore plus important après un cancer du sein parce qu’il produit un double effet ! Il réhabilite l’image de soi et transforme le regard de l’autre, du conjoint en particulier. Cette nouvelle perception à la fois intérieure et extérieure s’avère très réparatrice. Sur le plan psychologique et esthétique, la métamorphose est intense, immédiate. Toutes les femmes qui se sont fait tatouer à la 
Maison RoseUp le disent : retrouver sa féminité, se réapproprier son corps, ne plus cacher sa poitrine, c’est une véritable renaissance et pour beaucoup, c'est mettre un point final à la maladie.

 

 

Ce qui me réjouit le plus : la majorité des femmes tatouées pendant l’évènement Rose Tattoo ne seraient jamais passées à l’acte sans ces circonstances ! Elles sont devenues les ambassadrices d’une aventure humaine, artistique et solidaire. »

En 2017, Nathalie Kaïd, Véronique Pratviel et Armelle Mirieu ont décidé de créer l’association Sœurs d’Encre pour que cette pratique du tatouage artistique de reconstruction puisse être proposée aux femmes touchées par un cancer du sein. Laura Kastel, une jeune femme tatouée lors du 1er Rose Tattoo à la suite de son cancer du sein, a été la première salariée en 2020. Elle occupe le poste de responsable du pôle tatouage et handicap, un accompagnement par les pairs nécessaire pour ce parcours.

© Nathalie Kaïd, photographe et Douces Métamorphoses, tatoueuse

 


 

Aujourd’hui l’association est nationale avec 80 tatoueuses en 2023 et 3 événements Rose Tattoo Bordeaux, Paris, Colmar et d’autre à venir...  

 


Une histoire, un livre : « S'aimer tatouée »

« Mon expérience de "femme tatouée" m'a amenée à me demander ce qui poussait les autres femmes à se faire tatouer. Quels changements ont vécu ces femmes grâce au tatouage ? »

Livre S'aimer tatouée, de Nathalie Kaïd

195 témoignages et 530 photographies couleur avec un dossier de 30 pages Rose Tattoo dédié au tatouage après un cancer du sein.

Ce livre est avant tout un projet artistique réalisé par Nathalie.

Des moments de vie joyeux, douloureux ou purement esthétiques « encrés » pour la vie. Le tatouage est un acte fort qui transforme le corps et l’esprit. Un bouleversement profond qui change le regard des gens à jamais. Extrait de la pré-maquette du livre « S'aimer Tatouée ».

Un projet collectif : rencontres, amitiés et engagement bénévole par des passionnés 

 

Au tout début du projet, je souhaitais commencer par une exposition photographique. Fabrice, mon mari, devait s’occuper des textes, puis au fil des rencontres, des femmes tatouées qui écrivaient m’ont proposé de retranscrire nos interviews et de commencer l'écriture d'un livre. Des amis se sont joints à moi et ce projet est devenu collectif !

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