J'ai découvert que j'avais un cancer micro-infiltrant à 25 ans, alors que j'étais enceinte de ma fille. À cause des hormones, la maladie a pris une ampleur exponentielle. J'ai eu un suivi très spécifique du fait de ma grossesse. On m'a fait une mastectomie, puis deux sessions de chimiothérapie, alors que mon bébé était toujours dans mon ventre. Après l'accouchement, mon traitement a continué.
J'ai toujours voulu avoir une reconstruction : celle-ci est arrivée deux ans plus tard. En règle générale, c'est le chirurgien qui a fait la mastectomie qui se charge de la reconstruction. Dans mon cas, la personne qui a fait l'ablation me suivait aussi pour ma grossesse, elle n'était pas en charge de la reconstruction esthétique. J'ai essayé de trouver un chirurgien, ce qui a été assez difficile. Entre autres, j'ai eu affaire à un médecin peu scrupuleux avec des idées peu orthodoxes.
Finalement, j'ai trouvé un excellent chirurgien qui a pu me faire ma reconstruction, et faire une réduction mammaire de l'autre sein pour rendre ma poitrine harmonieuse. On a changé la prothèse il y a cinq ans. Celle-ci est jolie, mais je m’accepte uniquement quand je suis habillée. Quand je suis nue, je ne me regarde pas dans le miroir.
Puis, j'ai rencontré une très belle personne, mon conjoint, qui, lui, est tatoué. Il m'a parlé de femmes qui se faisaient un tatouage artistique post-cancer du sein. L'idée a doucement fait son chemin, et je me suis fait tatouer en début d'année. Aujourd'hui, je me sens revivre, je peux me regarder dans le miroir. Je fuis moins mon propre regard et je me sens plus à l'aise dans l’intimité. Maintenant, en société, j'ai envie de me mettre en valeur ! Le tatouage m'a permis une reconstruction physique et psychologique aussi importante que la prothèse.
Aujourd’hui, j’aimerais montrer aux personnes dans ma situation qu’après le cancer, il y a autre chose. C'est un cap, une montagne à passer, mais au bout du sentier, on vit comme tout le monde - ou presque.
Retranscription du témoignage par Mélissa Castillon.