J’ai eu deux cancers. Lors du premier, j’avais 37 ans. On m’a fait une zonectomie et une radiothérapie. À 42 ans, j’ai eu une récidive sur le même sein. Il évoluait très rapidement. En moins d’une semaine, j’ai eu une mastectomie, et j’ai fait une chimiothérapie. Ça a été la douche froide mais je me suis battue. J’étais aussi très bien entourée par des spécialistes.
On m’a expliqué les différents types de reconstruction, mais je n’avais pas du tout envie de repasser sur une table d’opération. Les photos des résultats ne me plaisaient pas. J’avais déjà l’idée du tatouage en tête, donc j’ai fait le choix de ne pas faire de chirurgie.
Je me sentais mutilée. Je ne voulais pas me faire tatouer par un tatoueur « du coin de la rue ». Début 2017, j’ai découvert l’association Sœurs d'Encre. En septembre 2017, la Présidente m'a appelée pour me proposer de me faire tatouer pour l’émission Tellement vrai. J’ai tout de suite accepté, c’était important pour moi de montrer aux femmes que le tatouage post-cancer du sein existe.
C’était formidable, un grand moment ! Une très belle aventure. Je me suis fait tatouer des fées : une pour représenter ma tante, une autre qui représente ma coiffeuse, qui m’a beaucoup accompagnée dans ma maladie, et une pour moi. Je les ai appelées Eau, De et Ré en référence à l’île de Ré et à ma tatoueuse Odré. Je les regarde souvent, elles m’accompagnent.
Le tatouage a été une reconstruction, une renaissance. Grâce à lui, je m’accepte totalement comme je suis. Je ne vois plus mon corps mutilé mais le tatouage. Il est unique. C’est que du bonheur. Je me suis battue pour avoir mon tatouage. J’ai un souvenir très émouvant d’une femme à qui je l’ai montré et qui m’a prise dans ses bras en me remerciant de lui donner de l’espoir.
Retranscription du témoignage par Mélissa Castillon.