J’étais suivie de près car ma mère a eu deux cancers du sein, ma grand-mère et mon oncle maternels ont également été touchés par cette maladie. À 47 ans, lors d’un contrôle annuel, on me découvre un carcinome niveau 4. Je n’ai pas tout de suite compris de quoi il s’agissait, même si j’ai vu au visage du médecin que c’était grave. J’ai très vite été dirigée vers un oncologue qui m’a indiqué qu’il s’agissait d’un cancer infiltrant. J’ai fait plusieurs opérations chirurgicales et une chimiothérapie qui m’a bien abîmée, à tel point que j’en ai perdu non seulement mes cheveux, mais aussi mes ongles.
Après la chimiothérapie, l’oncologue m’a annoncé qu’on devait faire une mastectomie. Je ne m’y attendais absolument pas et ça a été extrêmement compliqué à accepter. Après l’opération, on m’a proposé de mettre une prothèse, ce que je ne trouvais pas terrible. Le chirurgien m’a proposé de faire une reconstruction mammaire par DIEP, ce que j’ai accepté. L’opération a été lourde, mais le fait de retrouver un volume « stable et accroché » sur mon torse m’a fait du bien.
Je n’en pouvais plus de voir ma cicatrice tous les matins, elle me rappelait trop la maladie. En 2013, en cure à La Roche-Posay, je suis tombée sur un magazine avec la photographie d’une femme tatouée post-cancer du sein, et je me suis dit que c’est ça que je voulais. J’ai beaucoup réfléchi car le fait de se faire tatouer n’est pas un acte anodin. D’autant plus que je ne voulais pas confier mon corps à un tatoueur lambda, mais à une personne qui a l’habitude de travailler sur du volume et sur une cicatrice.
Un jour, j’ai vu un article sur Sœurs d'Encre dans Rose Magazine, et je me suis dit que c’était exactement le cadre qui me fallait ! J’ai pu me faire tatouer en Octobre 2018, pour la troisième édition de Rose Tattoo. Ma tatoueuse a été très à l’écoute sur mon projet, je n’oublierai jamais cette personne, ni ce moment.
La séance a duré quelques heures, certaines zones étaient assez douloureuses. Mais je ne regrette rien ! C’est tellement bien de ne plus voir cette cicatrice, mais une œuvre d’art à la place. Pour moi, c’est une reconstruction artistique sur la reconstruction physique, ça m’a permis de passer à autre chose. Je n’ai pas oublié la maladie, mais je n’ai plus ce souvenir tous les matins en me regardant dans la glace. Maintenant, j’admire un dessin à la fois créatif et artistique.
Aujourd’hui, je comprends mieux les personnes qui se font tatouer. C’est une forme de renaissance. Le tatouage permet de dévoiler une partie de soi, de sa personnalité. Je veux encourager les femmes qui hésitent à le faire : ça fait énormément de bien, physiquement comme psychiquement.
Retranscription du témoignage par Mélissa Castillon.