J’ai eu le diagnostic de ma maladie à 44 ans. Il s’agissait d’un cancer lobulaire, qui ne représente que 10% des cancers du sein. Six mois auparavant, j’avais des douleurs dans la poitrine, mais rien n’était visible sur la mammographie et sur l’échographie. Mon médecin m’a dit qu’un cancer du sein n’était pas censé être douloureux, et que comme il n’y avait pas de cas dans ma famille, c’était probablement hormonal. Il m’a conseillé de prendre des hormones. Je ne l’ai pas écouté et heureusement, car mon cancer est hormono-dépendant, donc ça l’aurait aggravé.
Six mois après, une petite boule est apparue et le cancer s’est avéré être très avancé : ma tumeur faisait 16cm ! Ça a été très rapide et violent pour moi. Je ne m’attendais pas à ça, et, étant infirmière, ça a été très difficile. On m’a fait une mastectomie totale sur le sein gauche. La chimiothérapie n’est, à-priori, pas efficace sur ce type de cancers, donc j’ai de la radiothérapie et de l’hormonothérapie. Je n’ai pas supporté les anti-aromatases, on m’a alors prescrit autre chose. Aucune étude ne dit si ça fonctionne, mais aucune dit que ça ne fonctionne pas, je prends ça en précaution car j’ai 40% de risque de récidive. Si on me l’avait dit avant, j’aurais enlevé mon autre sein !
On m’a proposé de me faire reconstruire. J’avais beaucoup souffert, je ne voulais pas faire de reconstruction et attendre des mois pour faire de nouvelles opérations. Ça n'aurait jamais été mon sein, je ne voulais pas avoir de corps étranger en moi. J’ai envisagé de faire un tatouage assez rapidement. J’avais peur de la douleur, car j’avais très mal sur cette zone. Mais j’ai fait de l’EMDR, et les douleurs ont disparu. Je pouvais enfin m’aventurer vers le tatouage !
Depuis le cancer, je ne supportais plus mon image. Je me suis dit qu'avec le tatouage, cette partie pourrait être jolie. Maintenant, je peux enfin me regarder ! J’ai plaisir à le faire et à montrer mon tatouage. Je ne vois plus la mutilation mais le tatouage. J’accepte mieux mon corps.
Retranscription du témoignage par Mélissa Castillon.