A 35 ans, j’ai senti une boule dans le sein droit et la biopsie a détecté un cancer de stade 3. En juin 2009, ils se sont aperçus en enlevant la grosseur, qu’il y en avait partout. Du coup j’ai eu un curage axillaire, et 3 semaines après, une mastectomie totale du sein droit. Je suis restée comme ça pendant un an et demi. J’ai eu de la chimiothérapie, mais ils ont dû adapter le protocole car je vivais seule avec mes jeunes enfants, en garde alternée, et leur père n’a pas été aidant. Je n’y arrivais pas malgré l’aide de ma mère qui venait une semaine par mois de Paris. J’ai eu une radiothérapie mais les dosages ont été trop fort, ça m’a brûlé tout l’œsophage et le cou du côté droit, j’ai encore des marques rouges. On a dû arrêter 10 jours avant la fin, je n’arrivais plus à avaler et j’entends encore le radiothérapeute me dire « faut serrer les dents, faut serrer les dents » …
Le cancer fait peur et le tri des « amis » se fait naturellement. J’ai vu une fille s’éloigner de moi parce que j’éternuais à côté d’elle ; le cancer n’est pas contagieux !
J’ai trouvé du soutien auprès de la ligue du cancer. J’ai pu y faire de la gym, de l’art thérapie. J’y ai fait la connaissance d’une femme extraordinaire et j’ai participé à un groupe de paroles. Les rencontres ont été enrichissantes et j’en garde des amitiés fidèles.
Mon compagnon ne faisait pas cas de ce sein, il souhaitait simplement une aide esthétique pour apporter une finalité à ce sein et que je puisse passer à autre chose.
J’ai eu connaissance du projet Rose Tattoo par le travail d’Alexia Cassar paru sur internet. J’attendais la finalité de ma reconstruction du sein. Je ne me regardais plus, j’avais trop souffert, c’était trop douloureux. J’ai pris contact avec elle pour la rencontrer, et en octobre, j’ai connu la Maison Rose, l’asso Sœurs d’Encre by Rose Tattoo et elle m’a fait le tatouage du téton en 3D.
Avant, je me voyais comme femme mutilée, d’autant plus que la greffe de peau de l’aine pour reconstruire mon mamelon n’avait pas pris. 6 mois après ce tatouage en 3D, j’ai repris ma féminité, mon regard dans la glace a changé, je ne vois plus mes cicatrices, je me sens « normale ».
Les maux du corps se sont effacés avec le bien-être psychologique retrouvé. Depuis j’ai le sourire quand je me vois nue. C’était le point final de cette épreuve. Autour de moi, je recommande le tatouage en 3D ; en oncologie, auprès de mes amis médecins avec mes photos et mes coordonnées pour les femmes qui souhaitent en parler, avoir des renseignements Alexia ne s’imagine pas le bonheur qu’elle peut faire !
Interview Lara Kastel, rédaction Laurence Marino, Armelle Mirieu Correction Nadine Fréou. Photos Nathalie Kaïd