Cécile & Toni-Lou

Mon cancer a été découvert par hasard, en passant des examens pour un autre symptôme. Ils ont découvert un kyste au sein. Grâce à une amie radiologue, j'ai été prise en charge très rapidement à la clinique Tivoli. Ça s'est vite enchaîné très vite. Une 1ère opération et l’attente de connaître le protocole.

J'avais le choix entre un traitement par radiothérapie en conservant le sein avec risque de récidive dans deux ans ou une mastectomie sans radiothérapie. J'ai fait le deuxième choix, ne voulant pas vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Une solution radicale et efficace pour ma tête et pour mon corps. Après je n'ai pas eu de traitement, le cancer ayant été détecté à un stade très précoce avec des tumeurs qui ne faisaient pas 1 cm. La reconstruction a été faite en même temps avec une prothèse. Le mamelon a aussi été enlevé.

À la fin du séjour en maison de repos, j’avais créé une relation de confiance avec une infirmière, et cela m'a permis d’accepter de découvrir ma cicatrice, car pendant les soins, je tournais la tête, pour éviter cette vision d’un sein qui n’en était plus un.

Après je ne me suis plus jamais regardée, je dormais avec une brassière.

Pendant les contrôles, le chirurgien m’a conseillé de penser à faire dessiner un mamelon. Je n’en avais pas envie sachant qu’il finirait par s'effacer. En cherchant sur internet des mamelons tatoués, j'ai vu des tatouages artistiques que j'ai trouvé magnifiques. Début 2016, un mois après ma mastectomie, je regardais déjà les tatouages.

Je ne savais pas comment faire, je savais que cela se pratiquait aux États-Unis mais je n’avais pas les moyens d’y aller. 

Je suis allée à la conférence de Regards Croisés où des femmes « héroïnes » venaient témoigner de leur engagement. Nathalie Kaïd y participait, ce fut la révélation.

J'ai pris contact avec la Maison Rose et j’ai été à la réunion d'information pour Rose Tattoo. Je n'espérais pas être prise, il y avait beaucoup de monde. Quand Nathalie m'a confirmé ma participation, j’ai sauté au plafond ! J'étais tellement heureuse.

Lors de mon rendez-vous avec Toni-Lou, je lui ai donné des modèles de dentelle florale et de dentelle de Calais. Elle m'a fait une création.

Je suis hyper contente : c'est magnifique.

Il est situé sur le sein, il recouvre le mamelon. C'est un petit tatouage très fin et très féminin qui me correspond. Je le regarde et le soigne en lui mettant de la crème, tous les jours.

J'ai repris contact avec cette partie de mon corps. Je l'avais perdu pendant plusieurs années.

Maintenant c’est mon sein et il est à part.

Le sein est le symbole de la féminité et de la maternité. Avant le tatouage il ne ressemblait qu’à une bosse. Je voulais retrouver ma féminité, c’est pour cela que j’ai choisi quelque chose de beau comme la dentelle. C'est aussi pour marquer en moi ce moment-là et tourner la page que j'ai préféré le tatouage artistique.

Avant j'étais anti-tatouage, jamais je n'aurais pensé à y avoir recours. Maintenant je le trouve trop petit, j’en veux d'autres. Je n'ai pas eu mal sur la partie insensible, sur le côté la douleur était raisonnable.

J’ai vécu une belle expérience et un moment très fort avec les autres copines « Sœurs d’encre » qui se sont fait tatouer en même temps. Je me suis investie dans la création d’un partenariat avec la fondation Cultura.

Pour les ladys de la Maison Rose, j'ai créé des animations pour faire passer un bon moment aux personnes touchées par la maladie. Je me suis séparée avant d’être malade.

Après l’opération, je me suis demandée « comment faire pour créer une relation avec un homme ?». J'ai rencontré un homme hyper compréhensif mais j'ai gardé ma brassière. Il m'a connu non tatouée. Il a suivi toute l'aventure de mon tatouage et m'a même accompagnée lors d'un de mes témoignages à Mérignac : c'est génial !