Mon premier cancer…J’avais 51 ans. C’était en 2007. J'ai eu une tumorectomie, de la chimio six séances puis de la radiothérapie. En 2015, récidive du même cancer avec ablation suivie de quatre séances de chimiothérapie. La reconstruction a été immédiate avec une pose de prothèse mammaire. A la première chimio, mes cheveux n’ont jamais repoussé.
J’ai rencontré Rose Tattoo par hasard. Je voulais faire une reconstruction et refaire un sein avec tatouage de l’aréole et reconstruction du téton mais cela ne me convenait pas. Les risques de rejet de greffe m’ont refroidie. En effet, on m’a proposé de prendre un bout de l’orteil mais j’ai refusé.
Un jour, dans la salle d’attente de l’hôpital, mon mari a vu le magazine Rose. Il y avait dedans des photos de tatouage. C’était de cela dont j’avais envie. Je suis venue à la Maison Rose pour voir mais c’est trop tôt pour moi. J’avais pris le train en marche pour la deuxième session. Ma cicatrice était vraiment laide. La récidive a été tellement dure que je n’ai pas posé de question au moment du diagnostic. Les docteurs soignent et ne font pas dans la dentelle. Je n’avais pas réalisé qu’on m’enlevait le sein. Pour moi on enlevait le cancer et pas le sein. Je voulais que cela soit rapide.
Tony Lou a fait un dessin. Ma fille en a fait un aussi et on les a mélangés. C’est une fleur d’hibiscus avec un paysage d’océan. Je suis enchantée. Quand je me regarde, je ne vois plus que j’ai eu un cancer. Il n’y a que les cheveux qui me le rappellent. Je vais à présent à la piscine sans me tourner pour me changer. Avant, je ne voulais pas montrer mon sein. Aujourd’hui je m’en fiche.
Mon mari a été très surpris au début par les couleurs assez vives qu’on a choisies. Mes enfants ont trouvé cela fantastiques. Tous les retours sont très positifs.
J’ai senti l’aiguille quand cela débordait autour du sein mais c’était très supportable. C’est une bonne douleur sans souffrance. J’avais interdit à mes enfants de se faire tatouer. Quand je vois les gens tatoués, je me demande pour quelles raisons ils font ça. Pour moi, le tatouage doit avoir une signification. Dans mon cas, c’est vraiment le symbole de la renaissance. Je n’ai pas envie d’en avoir d’autres.
Interview Lara Kastel, rédaction Laurence Marino, Armelle Mirieu Correction Nadine Fréou. Photos Nathalie Kaïd