J’ai eu un cancer du sein à l’âge de 38 ans. J’ai fait une ablation suivie d’une reconstruction, j’ai aussi fait du lipomodelage.
La décision de me faire tatouer était mûrement réfléchie. Depuis la mastectomie, mon sein n’existait pas, je ne le voyais pas dans le miroir. Il fallait absolument que je puisse l’embellir pour pouvoir oublier. Même si on oublie jamais vraiment, je voulais mieux accepter ce que j’ai vécu. J’ai fait de la dermopigmentation mais ce n’était pas suffisant dans mon regard, au début oui mais par la suite le regard dans le miroir n’était pas celui que je voulais. Puis je voulais montrer que j’étais une guerrière, que c’était moi qui avais le dernier mot. J’ai gagné et maintenant je suis victorieuse jusqu’au bout.
J’avais déjà des tatouages. Quand j’ai su pour la maladie, j’ai fait un tatouage avec mon mari, l’homme de ma vie. J’en ai fait un second en commun avec mes filles, puis pour ma mère avec un de mes frères et ma sœur. Tous mes tatouages sont significatifs, je n’en ai fait aucun avant la maladie. En revanche, celui d’aujourd’hui est particulier, c’est uniquement le mien. La tatoueuse a su cibler directement mes attentes. Le premier aperçu était parfait, on a eu une comptabilité totale. C’est un contact à garder, peut-être pour d’autres tatouages.
Ce tatouage, c'était le but final ! Je ne suis pas quelqu’un de très expressif mais intérieurement, en me découvrant, j’ai ressenti une grande émotion. Maintenant il faut se l'approprier, c’est la seconde étape mais ça ne m’inquiète pas du tout, au contraire.
Photographie par Nathalie Kaïd.
Interview et retranscription du témoignage par Loïcia Lima.