On m’a détecté une tumeur au-dessus du mamelon gauche à 40 ans. On a fait un certain nombre d’examens et il s’est avéré que je n’avais aucune métastase. On m’a fait une ablation du sein avec reconstruction immédiate par DIEP, l’intervention a duré six heures. C’était assez urgent, je devais enlever cette grosseur au plus vite.
Un peu plus tard, je suis retournée à l’hôpital car mon sein était rouge et brûlant. Suite à une échographie, les médecins ont vu une grosseur mais ne savaient pas ce que c’était. Ils ont dû faire un prélévement pour découvrir que j’avais un abcès. J’ai été obligée de me faire réopérer, ils ont fait un trou sous mon sein pour évacuer le pus. Deux ou trois heures après, j’avais des nausées, les jambes noires et gonflées, extrêmement mal au ventre, et j’en passe. Ce n’était pas normal, ils ont fait un prélèvement sur ma jambe pour comprendre ce que j’avais. Mon sang était en train de s’empoisonner.
Quand les médecins nous expliquent ce qu’ils vont faire, on a du mal à s’imaginer l’état dans lequel on va sortir de l’opération. L’après a été difficile. En me réveillant de l’opération, j’ai vu mon corps mutilé, j’ai plusieurs cicatrices et la peau abîmée. Je n’ai jamais accepté ce sein, pour moi ce n’est pas un sein. Je l’ai rejeté, je ne voulais pas le voir donc je me suis décidée à le faire tatouer.
Je suis déjà tatouée, je me suis d'abord renseignée chez des tatoueurs vers chez moi mais je n’avais pas confiance. J’ai préféré attendre même si je n’aimais pas mon corps, même si je cachais mon sein - y compris à mon conjoint. Puis un infirmier avec de très beaux tatouages m’a parlé de l’association Sœurs d’Encre dont je n’avais jamais entendu parler. Je me suis renseignée et j’ai candidaté pour participer à Rose Tattoo.
L’ambiance est familiale, on a bien rigolé. Je n’avais jamais vu ma tatoueuse avant l’événement mais j’avais une entière confiance en elle. Je savais très bien ce que je voulais et je suis venue confiante. J’ai eu mal à certains endroits mais je n’ai globalement plus de sensations à ce sein là, peut-être car il a mal cicatrisé. J’étais vraiment émue en découvrant le résultat. Je peux enfin me regarder dans un miroir, accepter mon sein. Tout est caché derrière le tatouage.
Interview et retranscription du témoignage par Loïcia Lima.